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13/10/2020

« La sublime vérité révélée par Jacob Boehme : le cœur de l’homme est le vrai "Ciel" »

Extrait de : Jean-Marc Vivenza, L’esprit du saint-martinisme. Louis-Claude de Saint-Martin et la Société des Indépendants, éditions La pierre philosophale, 2020. Chapitre VIII – « Jacob Boehme, le «prince des philosophes divins», premier maître de Louis-Claude de Saint-Martin selon l’Esprit. » (pp. 298-300)

 

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« Dieu est si près de vous, que la génération de la Trinité Sainte se passe aussi dans votre cœur.

 

« La grande intuition métaphysique de Boehme, est d’avoir compris, ou plus exactement « vu », puisqu’il s’agit d’une capacité visionnaire, que ce qu’il incombe à l’âme c’est de donner « vie », de donner « l’être » et la « vie » au Verbe en nous, ne nous cachant pas le caractère extraordinaire de cette génération qui fait du cœur de l’homme le vrai « Ciel », l’authentique et concret « Ciel spirituel » où prend naissance la Divinité, l’amenant à affirmer :

« Le vrai ciel est partout, même dans le lieu où vous êtes et où vous marchez. Lorsque votre esprit atteint la génération la plus intérieure de Dieu, et qu’il y pénètre au travers de la génération sidérique et charnelle, dès lors il est dans le ciel[1]. »

Si Dieu est voilé, caché, c’est qu’en réalité il est dissimulé dans sa génération, «Dieu est caché dans le centre, dans la génération la plus intérieure[2] », dans la génération invisible se produisant dans le Ciel de l’âme. Dieu naît ! pour audacieuse que soitr cette affirmation, elle n’en est pas moins significative de l’œuvre secrète qui voit l’âme, dans l’absolu mystère, enfanter la Divinité, être la matrice réelle du Divin, ce à quoi s’ajoute cette vérité extraordiniare : la Divinité est engendrée dans l’âme car elle fut toujours engendrée de la sort depuis les origines, elle fut éternellement engendrée par l’effet d’une souveraine substance provenant de sa nature émanée ; la nature divine est issue du « saint élément », du Ciel primordial, de la chair céleste qui est « l’âme immortelle ».

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L’âme n’est donc pas, certes, d’une nature distincte de la Divinité, mais elle est même – et surtout et nous touchons à une vérité ultime absolument extraordinaire propre à la pensée de Jacob Boehme, nous donnant de comprendre en quoi elle put être inacceptable et difficile à admettre pour beaucoup d’observateurs à l’époque, tout en le demeurant à de nombreux égards –, du point de vue du Principe, vivante et d’une semblable essence, origine de la même origine. C’est pourquoi Boehme, se tournant vers chacun d’entre-nous, nous interroge directement et n’hésite pas à nous dire :

« Où veux-tu donc aller chercher Dieu ? Ne le cherche que dans ton âme qui est la nature éternelle, dans laquelle est le divin engendrement[3]. »

Et à ce titre, si l’âme n’est pas différente de la nature éternelle, si la grâce, lui a rendu son vrai pouvoir, son effective capacité matricielle, sa virginité conceptrice, sa pureté sanctifiante, alors il nous est donné d’entendre, enfin, le secret du voyant de Görlitz, l’aspect le plus sublime et le plus élevé de son enseignement théosophique, l’éminent couronnement spirituel de la pensée de celui qui est vraiment le « Père de l’Église intérieure », l’authentique joyau spirituel de sa doctrine, dont on mesure pourquoi il put à ce point bouleverser le Philosophe Inconnu, et qui se résume à cette prodigieuse vérité, nous disant, par ces paroles :

« Dieu est si près de vous, que la génération de la Trinité Sainte se passe aussi dans votre cœur. Toutes les trois personnes, Dieu le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont engendrées dans votre cœur[4]. »

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Sachant que par la Sophia, la Sagesse, qui est l’expression du monde divin, sa force d’auto-révélation, se déroule en nous à chaque instant de nos vies l’œuvre du commencement, présente visiblement dans l’action divine créatrice, « co-éternelle » et unie à Dieu, nous donnant de redire avec le Roi Salamon :

« Le Seigneur m’a possédée au commencement de sa voie, avant ses œuvres les plus anciennes. Dès l’éternité je fus établie, dès le commencement, dès avant les origines de la terre. Quand il n’y avait pas d’abîmes j’ai été enfantée … » (Proverbes, VIII, 22-24.) »

 

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Notes

 

[1] J. Boehme, L’Aurore Naissante¸ XIX, 24.

[2] Ibid, XIX, 65.

[3] J.Boehme, Confessions, Fayard, 1973,  ch. 6, VII, § 16, p. 52.

[4] Jacob Boehme, L’Aurore Naissante, X, 58.

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