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14/10/2024

« La puissance de l’Esprit du monde est si grande qu’elle ne peut être brisée que par le Fils de Dieu »

Frédéric-Rodophe Saltzmann (08 mars 1749 - 07 octobre 1821) [*], à Stilling, le 25 juillet 1808. In F.-R. Salzmann, Lettres choisies, Paris, Bibliothèque Chacornac, 1906, pp. 62-63

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« L’Esprit infernal et l’Esprit du monde règnent dans le royaume des ombres, comme dans ce monde … »

 

« Le monde des esprits est, comme le monde des sens, soumis, il me semble à certaines lois, mais ces lois sont telles qu’elles laissent à la livre volonté de l’homme un certain feu. La loi éternelle, immuable, à laquelle l’un et l’autre se trouvent soumis, c’est que la Nature, dans les deux mondes, est assujettie à l’Eprit. Aucune loi de Nature n’est au-dessus de l’Esprit. Mais il y a deux sortes d’Esprits : l’un est tout puissant, élevé au-dessus de tout ce qui est créé, dominant tout souverainement : c’est l’Esprit de Dieu. – C’est par l’Esprit que Moïse fit sortir, du dur rocher du désert, un torrent d’eau pour en abreuver le peuple d’Israël, ainsi que tout bétail. C’est par cet Esprit que Josué ordonna au soleil de s’arrêter, sans pour cela déranger l’ordre du monde. C’est par cet Esprit qu’Élisée fit flotter le feu sur l’eau et que les prophètes et les apôtres accomplirent de vrais miracles en tous temps.

L’autre Esprit est l’Esprit créé du monde ; il est puissant, mais non pas tout-puissant. Il ne peut pas transgresser certaines lois de la Nature. Les magiciens de l’Égypte ne pouvaient pas faire tout ce que Moïse faisait.

Cet Esprit, dont le cercle d’influence est maintenu dans les bornes de la Nature, est tombé par la chute d’Adam sous la puissance de l’Esprit malin qui l’a séduit et s’est mis à sa place. Il peut produire beaucoup de choses merveilleuses qui paraissent être en opposition avec les lois de la Nature. Il peut, comme l’Apocalypse de saint Jean l’enseigne, faire tomber le feu du Ciel et donner un langage à une image animée, etc. Il peut agir sur toutes les choses qui sont abandonnées à l’arbitraire des habitants du monde. C’est par l’Esprit du monde que l’Esprit impur, en lutte continuelle avec le Bien du monde, cherche éternellement à rompre l’équilibre qui assure à l’homme le choix libre du bien et du mal ; il cherche ainsi à éloigner l’homme de la source divine et céleste d’où il tire sa noblesse et sa grandeur, et à le ramener dans les limites de la Nature. La puissance de l’Esprit du monde est si grande qu’elle ne peut être brisée que par le Fils de Dieu ; les moyens physiques ne servent là de rien.

L’Esprit infernal et l’Esprit du monde règnent dans le royaume des ombres, comme dans ce monde ; leur puissance est, là-bas comme ici, limitée par la toute-puissance de Dieu et les décrets de Son amour ; leur œuvre dépend en grande partie de la volonté de l’homme. Plus celui-ci leur abandonne sa volonté, plus leur puissance est efficace. »

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[*] « Rodolphe Salzmann (ou Saltzmann), fit des études de droit et d'Histoire à Goettingue et noua, de par ses fonctions de direction à la « Librairie académique », des relations avec les milieux ésotériques et philosophiques en Allemagne, en Suisse et en France. Se plongeant dans les arcanes de la théosophie, il y découvrit les écrits de John Pordage (1608-1681), de Jane Leade (1623-1669), de William Law (1686-1761) et de Swedenborg (1688 1772), mais c’est surtout Jacob Boehme (1575-1624) qui devint peu à peu l'objet de son principal intérêt. D'une rigueur toute germanique, rejetant les pratiques théurgiques par souci d'un rapport purifié avec le divin, Salzmann vivait enfermé dans son cabinet de travail entouré de ses opuscules, et développera une sorte de mysticisme intérieur fondé sur l'oraison de quiétude et le repos en Dieu qu’il avait puisé dans la spiritualité de Fénelon et surtout de madame Guyon dont il vénérait la mémoire et s'inspirait pieusement. Saint-Martin et Salzmann, très proches spirituellement, ne pouvaient que s'entendre et s'apprécier. C'est ce qui arriva, et c'est de par les liens qui constituèrent cette amitié à partir de 1788 lors du séjour à Strasbourg de Saint-Martin, que Salzmann lui fit partager son amour et sa dévotion pour la pensée de Jacob Boehme, pensée qui eut l’influence considérable que l’on sait sur le Philosophe Inconnu. »

Jean-Marc Vivenza, Histoire du Régime Écossais Rectifié, des origines à nos jours, Editions La Pierre philosophale, 2017, note 105, pp. 103-104  

 

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