Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/10/2020

«La doctrine de Boehme est pour Saint-Martin le sommet des connaissances métaphysiques»

Extrait de : Jean-Marc Vivenza, L’esprit du saint-martinisme. Louis-Claude de Saint-Martin et la Société des Indépendants, éditions La pierre philosophale, 2020. Chapitre VIII – « Jacob Boehme, le «prince des philosophes divins», premier maître de Louis-Claude de Saint-Martin selon l’Esprit. » (pp.314-318)

 

boehme10.2020.jpg

« Jacob Boehme a levé presque tous les voiles en développant à notre esprit les sept formes de la nature, jusque dans la racine éternelle des êtres […] »

 

« Saint-Martin insista auprès de tous ses intimes sur l'exigence de lenteur que nécessite la « voie » spirituelle, et, surtout, sur la nature « expérimentale » des objets évoqués. Saint-Martin, depuis son séjour de Strasbourg, ne dissimulait plus du tout son enthousiasme à l'égard du génial cordonnier de Görlitz, et considérait ouvertement sa doctrine comme un sommet inégalé de connaissance spirituelle et métaphysique. Il déclarera même sans détour dans un livre : « Un auteur allemand, dont j'ai traduit et publié les deux premiers ouvrages, savoir "l'Aurore naissante" et les "Trois principes", peut suppléer amplement à ce qui manque dans les miens. » (Le Ministère de l'homme-esprit.)

jb02.jpg

Ceci explique sans doute pourquoi Saint-Martin soutenait dans Le Ministère de l’homme-esprit :

 

« (…) Cet auteur allemand, mort depuis près de deux cents ans, nommé Jacob Boehme, et regardé dans son temps comme le prince des philosophes divins, a laissé dans ses nombreux écrits, qui contiennent près de trente traités différents, des développements extraordinaires et étonnants sur notre nature primitive ; sur la source du mal ; sur l'essence et les lois de l'univers ; sur l'origine de la pesanteur ; sur ce qu'il appelle les sept roues ou les sept puissances de la nature ; sur l'origine de l'eau ; (origine confirmée par la chimie, qui enseigne que l'eau est un corps brûlé) ; sur le genre de la prévarication des anges de ténèbres ; sur le genre de celle de l'homme ; sur le mode de réhabilitation que l'éternel amour a employé pour réintégrer l'espèce humaine dans ses droits, etc.

Je croirai rendre un service au lecteur en l'engageant à faire connaissance avec cet auteur ; mais en l'invitant surtout à s'armer de patience et de courage pour n'être pas rebuté par la forme peu régulière de ses ouvrages, par l'extrême abstraction des matières qu'il traite, et par la difficulté qu'il avoue lui-même avoir eu à rendre ses idées, puisque la plupart des matières en question n'ont point de noms analogues dans nos langues connues.

Le lecteur y trouvera que la nature physique et élémentaire actuelle n'est qu'un résidu et une altération d'une nature antérieure, que l'auteur appelle l'éternelle nature[1] ; que cette nature actuelle formait autrefois dans toute sa circonscription, l'empire et le trône d'un des princes angéliques, nommé Lucifer ; que ce prince ne voulant régner que par le pouvoir du feu et de la colère, et mettre de côté le règne de l'amour et de la lumière divine, qui aurait dû être son seul flambeau, enflamma toute la circonscription de son empire ; que la sagesse divine opposa à cet incendie une puissance tempérante et réfrigérante qui contient cet incendie sans l'éteindre, ce qui fait le mélange du bien et du mal que l'on remarque aujourd'hui dans la nature ; que l'homme formé à la fois du principe de feu, du principe de la lumière, et du principe quintessentiel de la nature physique ou élémentaire, fut placé dans ce monde pour contenir le roi coupable et détrôné ; que cet homme, quoiqu'il eût en soi le principe quintessentiel de la nature élémentaire, devait le tenir comme absorbé dans l'élément pur qui composait alors sa forme corporelle ; mais que se laissant plus attirer par le principe temporel de la nature que par les deux autres principes, il en a été dominé, au point de tomber dans le sommeil, comme ledit Moïse ; que se trouvant bientôt surmonté par la région matérielle de ce monde, il a laissé, au contraire, son élément pur s'engloutir et s'absorber dans la forme grossière qui nous enveloppe aujourd'hui ; que par là il est devenu le sujet et la victime de son ennemi ; que l'amour divin qui se contemple éternellement dans le miroir de sa sagesse, appelée par l'auteur, la vierge SOPHIE, a aperçu dans ce miroir, dans qui toutes les formes sont renfermées, le modèle et la forme spirituelle de l'homme ; qu'il s'est revêtu de cette forme spirituelle, et ensuite de la forme élémentaire elle-même, afin de présenter à l'homme, l'image de ce qu'il était devenu et le modèle de ce qu'il aurait dû être ; que l'objet actuel de l'homme sur la terre est de recouvrer au physique et au moral sa ressemblance avec son modèle primitif ; que le plus grand obstacle qu'il y rencontre est la puissance astrale et élémentaire qui engendre et constitue le monde, et pour laquelle l'homme n'était point fait ; que l'engendrement actuel de l'homme est un signe parlant de cette vérité, par les douleurs que dans leur grossesse les femmes éprouvent dans tous leurs membres, à mesure que le fruit se forme en elles, et y attire toutes ces substances astrales et grossières ; que les deux teintures, l'une ignée et l'autre aquatique, qui devaient être réunies dans l'homme et s'identifier avec la sagesse ou la SOPHIE, (mais qui maintenant sont divisées), se recherchent mutuellement avec ardeur, espérant trouver l'une dans l'autre cette SOPHIE qui leur manque, mais ne rencontrent que l'astral qui les oppresse et les contrarie ; que nous sommes libres de rendre par nos efforts à notre être spirituel, notre première image divine, comme de lui laisser prendre des images inférieures désordonnées et irrégulières, et que ce sont ces diverses images qui feront notre manière d'être, c'est-à-dire, notre gloire ou notre honte dans l'état à venir, etc.

Lecteur, si tu te détermines à puiser courageusement dans les ouvrages de cet auteur, qui n'est jugé par les savants dans l'ordre humain, que comme un épileptique, tu n'auras sûrement pas besoin des miens. » (Le Ministère de l’homme-esprit).

La conclusion de Saint-Martin au sujet de l’importance à ses yeux de Jacob Boehme, ne fait donc place à aucune contestation :

« Jacob Boehme a levé presque tous les voiles en développant à notre esprit les sept formes de la nature, jusque dans la racine éternelle des êtres […] » (Ibid.) »

 

Lien auteur : 

 

couvdef0imprimersite (1).jpg

 

Notes

 

[1] Pour mieux évaluer encore l’importance accordée à la pensée de Boehme sur cette question de l’origine de la « nature éternelle » et son rapport à la formation des « corps célestes », par Saint-Martin, il suffit de lire avec attention le long rappel qui se trouve inséré dans Le Ministère de l’homme-esprit sur ce sujet.

Voir Appendice II de l’ouvrage de Jean-Marc Vivenza : « Exposé de Saint-Martin sur le « système universel », son origine et sa finalité, selon les lois mises en lumière par Jacob Boehme ».  

Les commentaires sont fermés.